Vue intérieure

Histoire des deux voitures B4D

Quoi de plus beau pour un club de chemin de fer que d’avoir à sa disposition deux voitures dans lesquelles un réseau de trains miniatures aura sa meilleure place. Ce rêve est devenu réalité grâce à la SNCF qui nous a aimablement prêté ces deux véhicules.

C’est ainsi qu’en juin 1972, le CCAC put disposer de cette offre généreuse, acheminée de Nantes-Chantonay à Conflans fin d’Oise.

Faisant partie d’une série de 35 véhicules complétant la livraison dès 1922 de près de 400 voitures de différentes classes dont des premières, des mixtes 1ére /2ème  et des 3ème, les voitures mises aujourd’hui à la disposition du CCAC étaient à l’origine de leur construction en 1924 des voitures mixtes 3ème classe à 4 compartiments et fourgon (C4 Dyi) en bois, commandées par la compagnie des chemins de fer de l’Etat à la Société David située à Pantin. Après avoir fait assurer à ses voitures des trains de grandes lignes pendant près de 12 ans, le Réseau de l’Etat, à l’exemple du PLM, a projeté en 1936 de les métalliser lors d’une grande révision. Cette métallisation s’est déroulée en deux tranches.

Métallisation 1ère tranche

La première visait à remplacer les faces, les extrémités, le pavillon de bois, par des éléments métalliques soudés, solidaires du châssis du véhicule en vue d’augmenter la résistance. Cette transformation effectuée après réalisation d’un prototype aux ateliers de Sotteville en 1937, a été confiée aux ateliers de Saintes à partir de pièces confectionnées dès 1939 à Aytré (près de la Rochelle). Ainsi furent métallisées, pour un prix relativement bas, jusqu’en 1940, cent voitures à la cadence de 10 par mois, chacune d’entre elles étant rénovée après 37 jours de travail et une journée d’essais.

Le principe de la métallisation première tranche était simple et astucieux, car afin de ne pas changer les bogies existants, on n’a que peu augmenté le poids du véhicule. La caisse est constituée d’une charpente en tôle d’acier pliée Sur laquelle sont rivées les parois en duralinox de 2 mm, technique que l’on retrouve dans la réalisation de la toiture. Quant aux bouts de caisse, ils sont en tôle de 6 mm rendue rigide par des I verticaux, afin de former bouclier antichoc. Les intérieurs n ‘ont pas reçu de modifications importantes.

Ci-joint un tableau donnant les caractéristiques principales des B4 D ex C4 D issues de la métallisation 1ère tranche (dont la voiture à rivets apparents du CCAC numérotée 507).

– Nombre de places assises: 32
– Tare : 34, 5 t
– Fourgon : 4 t de chargement utile
– Chauffage vapeur système Pottier-Lannois
– Freins à air automatique MAS MAD frein à vis cylindre de 305
– Vitesse limite : 120 km/h
– Bogies type X Etat avec boîtes type T n° 9.

Le local du CCAC , au premier plan la voiture atelier; le réseau est installé dans la deuxième voiture.

Au point de vue de la numérotation, notre B4 D n’a pas toujours eu le n° 507. En effet, son numéro d’origine – en l’occurrence 10 952 – n’a été effectif que de 1940 à 49 alors qu’elle était C4 D. De 49 à 56 elle a porté le n° 34 023 toujours sous sa forme de C4 D. En 56 avec la suppression de la 3ème classe, elle devient B4 D 34 023 jusqu’en 1968 où le marquage UIC lui confère le n° 507.

Métallisation 2eme tranche

Quant à l’autre voiture, la 510 à faces lisses, construite elle aussi en bois en 1924, elle a été métallisée en 41/42 suivant une seconde tranche qui en a traité 99 autres de toutes classes.

Cette métallisation, à l’instar de la première réalisée de façon peu onéreuse, a été plus approfondie par les mêmes ateliers en ce sens qu’elle apportait une caisse entièrement en acier avec assemblages soudés. L’ensemble châssis caisse formant un tout indéformable, l’intérieur des compartiments faisant appel à de nouveaux matériaux

Les caractéristiques sont voisines de la précédente:
– Nombre de places assises: 32
– Tare : 39 t
– Vitesse limite : 120 km/h
– Bogies type X Etat
– Longueur : 17, 860 m

Episodiquement il est nécessaire de parer aux outrages climatiques.

En 1949, notre C4 D a pris le n° 34 004, devenue B4D 34 004 en 56, elle a porté le n° 510 en 1968 avec le marquage UIC.

Ainsi depuis 1924, ces deux voitures ont assuré vaillamment des centaines de trains rapides et express en sillonnant d’abord les voies du Réseau de l’Etat, puis celui de l’Ouest lors de la formation de la SNCF, où elles étaient encore affectées lors de leur réforme définitive en 1971. Elles avaient été retirées du service commercial quelque temps auparavant pour devenir des voitures de service, mais leur vitesse limitée à 120 km/h, leur effectif restreint, leur faible capacité, ont vite entrainé leur déclassement et leur remplacement par des véhicules plus modernes.

Les fiches de constatation d’avarie trouvées dans les fourgons des 2 voitures lors de leur arrivée à Conflans retracent leur derniers parcours, avec nostalgie, de 69 à 71.

La 507, affectée à cette époque à Rennes, semble avoir assuré son dernier service au train 6368 le 02/12/71. Auparavant en 69, on pouvait encore la voir évoluer du côté de Saintes ou même Bordeaux St Jean faisant ainsi une incursion au S.O. Quant à la 510 affectée en 71 à Caen, on retrouve sa trace le 02/01/70 au 1375, train qu’elle assurait souvent si l’on se réfère à la fiche.

Ainsi, de Bordeaux à Cherbourg, de Nantes à Caen, en passant par Rennes, ces vigoureuses B4D ont assuré de loyaux services pendant près de 50 ans. Leur âge avancé et l’arrivée de matériels neufs leur ont retiré leurs courses habituelles dans l’Ouest du pays où les habitués pouvaient encore les voir, il y a moins de dix ans. Toutefois l’arrivée de deux des 35 B4D de 1924 au CCAC a sauvé celles -ci du chalumeau du ferrailleur.

Hélas, il n’en fut pas de même pour les autres

Diagramme de la voiture B4d à faces lisses